MICROCOSMES - Haïku
N°3 " Graines de vent"
Livre-revue -Hiver 2015
ISBN
978-26918566-47-2
17 €
https://www.facebook.com/download/1669932356609422/R-20%20Microcosmes%20pdf.pdf
Microcosmes
pissenlit d’avril au bord de l’aurore
fournisseur de parachutes de petits cristaux de givre
pour trois acariens enserrés de nuit
Io Kanaan Françoise Seguin
Voici Microcosmes, Photons de lune, le 3ème ouvrage du collectif Graines de Vent,
dirigé par Hélène PHUNG. Comme les numéros précédents, (Arbres puis Haïku
en voyage), c’est tout d’abord un très bel objet pour l’oeil, agréable au toucher
et chaleureux dans son papier ivoire : quelle invitation à lire !
au fond de la cour
une feuille rescapée
les fourmis s’activent
Joëlle Ginoux-Duvivier
Tout au long de ses 90 pages, Microcosmes nous propose 17 petites séries de
haïkus, chacune étant introduite par un court texte dans lequel l’auteur-e
évoque directement ou métaphoriquement son point de départ, le tout ponctué
par les magnifiques images du photographe Gil GAUTIER.
bruits cristallins
sous mes semelles la neige
a un goût d’étoiles
Gérard Maréchal
Si le sommaire indique un recueil construit selon trois parties, la terre, l’homme
et le ciel, plusieurs fils structurent les écrits en autant de pistes que les
auteur–-es ont suivies et explorées.
L’individu singulier dans son rapport à la nature entière :
tant de gros nuages fragiles coquilles
dans une si petite flaque constellant le sable rude
vol d’un moucheron le flux gronde et monte
Stéphane Berdah Joséphine Laurens
fin de canicule
les chenilles de machaon
dorment sur l’aneth
Julie Turconi
Pour ce numéro Microcosmes, les haïjins ont été invité à exercer l’acuité de leur
regard sur l’inhabituel, le peu évident, le petit, ce que l’on ne voit ou ne regarde plus,
l’oublié…
écailles de bombyx entre les pavés
sur le pollen des iris quelques brins d’herbe frissonnent
poudrés de lumière chemins oubliés
Claudine Baissière Laurent Patenaude
Entre la Terre et le Ciel, on pourrait penser que l’Homme n’est que bien peu, le collectif
Graines de vent en a ici fait le trait d’union entre ces deux mondes :
soir de canicule sous une laitue
dans la plaine les andins dans le silence de l’aube
vont jusqu’aux étoiles l’escargot mastique
Gérard Maréchal Sandrine Marneux
J’évoque l’Homme mais je n’oublie pas de remarquer qu’à travers cette dénomination
générique, et parmi les 17 haïjins ayant participé à cette aventure, les femmes en
constituent la grande majorité.
la langue pétille
sur le bol d’argile cuite
le sel de la terre
Claudine Baissière
La demande d’Hélène PHUNG, instigatrice de ce numéro 3, était que les haïjins
appréhendent le micro-monde en exerçant leurs sens, pas seulement la vue ou l’oreille
mais le toucher mais le goût mais l’odorat : un sacré défi !
Premier barbecue juste les arômes
dans le fumet des grillades d’une infusion étoilée
un soupçon de thym la lune se couche
Joëlle Ginoux-Duvivier Françoise Seguin
senteurs de résine
dans chaque fibre de bois
s’ouvre une forêt
Hélène Phung
Et si ces trois derniers sens ne peuvent être présents physiquement dans les textes, les
haïkus peuvent faire sonner l’oreille :
midi au clocher à travers les branches
un tintement en sourdine le clapotis d’une source
cloche du portail presque le silence
Bénédicte Lefeuvre Laurent Patenaude
gorge du dragon averse soudaine
les eaux soufflent et rugissent la pluie rebondit en bulles
l’abeille en surgit au bord du balcon
Jean-Louis Chartrain Marie-Hélène Castello
Et tout au long du recueil les fourmis se promènent de page en page, nous invitant à
poursuivre ce voyage sur les traces des auteur-es.
Jean-Louis Chartrain
février 2016
La note de lecture du recueil
HAÏKU EN VOYAGE
Livre-revue n°2 de Graines de Vent
.
du collectif Vent de Haïku ...
est désormais disponible dans les Fichiers de L’escale du Haïku,
.
sous l’indicatif R-07-Haïku en voyage
.
Bonne Lecture !
.
Jean-Louis Chartrainhttps://www.facebook.com/download/1065447160132286/R07-%20Haiku%20en%20voyage.pdf
Graines de vent n° 3 – hiver 2015 : microcosmes
Livre-revue du collectif Vents de haïku, dirigé par Hélène Phung
par Danièle Duteil
Quoi de plus passionnant que d’observer le monde à la loupe ? Que de surprendre tout un petit monde surgi des strates un peu mystérieuses de l’univers ? Dix-sept haïjins ont ici aiguisé leur
regard pour mieux percevoir le minuscule, l’infime, en saisir la beauté et le sens, reliant ciel et terre par leur conscience vive des interactions entre le visible et l’invisible, le parcellaire
et la globalité du monde. Selon Hélène Phung, le haïku constitue « un prisme révélateur de la rencontre inédite entre une sensibilité particulière et la nature toute entière : le microcosme
humain reflétant et révélant le macrocosme ».
Comme à l’ordinaire, Graines de vent ne livre pas des haïkus de manière brute. Les poèmes s’inscrivent dans une réflexion préalable de leurs auteur.es, livrée livrée dans une courte
introduction.
Claudine Baissière, s’appuyant sur la théorie quantique, affirme que tout est relié : « la vibration des particules de l’univers, de notre planète et des êtres vivants, animaux, plantes, pierres,
éléments. ».
le mélèze exhale
une odeur de mousse poivrée.
surgit un lactaire
« Un photon, explique Joséphine Laurens, c’est l’aspect corpusculaire de la
lumière, chaque poème étant comme cette particule issue d’un grand Tout et
porteuse de sa lumière. »
plein ciel sur la mer
en calligraphies de sable
des traces d’oiseaux
Joëlle Ginoux-Duvivier, illustratrice dont le trait de crayon agile s’insinue entre
les haïkus, témoigne de l’importance du détail, comme ce point blanc dans l’oeil d’un chat : « Sans lui, pourtant infinitésimal, ce dernier n’aurait aucune âme. »
Une fourmi court
sur le sol de la cuisine –
le grand pied d’un homme
Françoise Seguin, adepte de photographie, « les plus infimes détails captés
font écho à l’immensité de l’univers.
ces paillettes jaunes
éparses – dans l’iris bleu
la première étoile
Hélène Phung est interpellée par la beauté des fractales, « ces structures
contenant leurs propres microstructures et ainsi de suite à l’infini ».
senteurs de résine
dans chaque fibre de bois
s’ouvre une forêt
La revue est magnifiquement émaillée de photographies de Gil Gautier.
lune dans les arbres
un escalier de racines
ouvre le chemin
Gérard Maréchal
Fin de canicule
les chenilles de machaon
dorment sur l’aneth
Julie Turconi
des coquilles vides
jonchent l’allée du jardin
tilip fait la grive
Benoît Robail
à travers les branches
le clapotis d’une source
presque le silence
Laurent Patenaude
au bout de la feuille
cette goutte de rosée
la
forêt entière
Stéphane Berdah
L' Article de Jessica Tremblay dans Vieil étang "https://vieiletang.wordpress.com/2016/08/05/3753